Pass sanitaires désactivés: des Français entre rébellion et résignation

Faute de dose de rappel, jusqu’à 800.000 pass sanitaires pourraient être désactivés dès le 15 janvier. Un couperet qui agace certains Français, mais qui en a poussé d’autres à recevoir cette nouvelle injection.

« Qui nous dit que l’on ne va pas devoir faire une quatrième ou une cinquième dose dans les prochains mois pour conserver le pass? »

Tristan*, 37 ans, est bien décidé à ne pas recevoir sa dose de rappel. Vacciné une seule fois le 11 juin dernier car il avait contracté le virus du Covid-19 six mois auparavant, le trentenaire ne souhaite plus jouer le jeu. « Franchement, ça suffit! Ça ne peut pas continuer comme cela indéfiniment« , peste le cadre commercial.

« Je pensais qu’en me faisant vacciner, cela suffirait pour retrouver une vie normale, en fait ce n’est pas du tout le cas. Je ne dirais pas que cela n’a servi à rien, mais on peut tous voir que l’épidémie n’est pas terminée », constate-t-il.

Pourtant, en refusant l’injection, son pass sanitaire ne sera plus valide à partir de demain, samedi 15 janvier. Une sentence qui pourrait toucher entre 500.000 et 800.000 Français, selon Olivier Véran. Des chiffres « probablement surestimés« , a néanmoins prévenu le ministère. Parmi ces personnes en effet, certaines d’entre elles « ont présenté une infection » et « n’ont pas encore mis la preuve de leur infection dans leur système TousAntiCovid« , a expliqué le ministre de la Santé.

Une telle contamination permet de prolonger le pass sanitaire de six mois. Pour l’instant, car le gouvernement envisagerait de réduire ce délai. Depuis le début de l’année en tout cas, ce sont chaque jour plus de 200.000 Français en moyenne qui sont contaminés, principalement par le variant Omicron, plus contagieux, et qui pourraient donc échapper à la désactivation de leur pass.

La désactivation imminente de son QR code ne fait en tout cas pas peur à Tristan, même s’il est entouré d’amis et de collègues qui possèdent un schéma vaccinal complet. « Cela veut dire que je vais devoir un peu me couper de la vie sociale« , s’amuse-t-il . Reste qu’il concède que cela va être difficilement tenable, notamment à cause du pass vaccinal. Ce dispositif devrait entrer en vigueur « au plus tard dans les premiers jours de la semaine du 17 janvier« , a annoncé Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement.

Éviter l’exclusion sociale

Cependant, tous les Français n’ont pas fait le choix de se priver de leur pass sanitaire. Olivier Véran a d’ailleurs assuré que « le taux d’acceptabilité du rappel est énorme ». « Le rappel est la règle, le non-rappel est l’exception », a affirmé le ministre. Selon lui, 98% des personnes vaccinées de plus de 65 ans ont fait leur rappel sept mois après leur dernière injection.La volonté peut-être de pouvoir continuer à profiter des petits plaisirs quotidiens. C’est ce qui a poussé Manon, 27 ans, à recevoir sa troisième dose quelques jours avant la date fatidique:

« Je l’ai fait à contrecœur, simplement pour pouvoir continuer à aller dans les bars et les restos. Je pense que l’on est beaucoup à être dans cet état d’esprit. »

La jeune francilienne confie d’ailleurs que lorsqu’elle est tombée malade, il y a quelques semaines, avec des symptômes proches du Covid-19 (maux de tête, courbatures, toux et fièvre), « j’ai presque prié pour que ce soit ce virus afin d’éviter de faire cette dose« .

Peur d’avoir le Covid-19 juste avant de faire le vaccin

De son côté, Anna* a hésité jusqu’au dernier moment avant de prendre rendez-vous pour sa nouvelle injection:

« Avec le nombre de contaminations qu’il y avait autour de moi, je ne voulais absolument pas me faire vacciner et tomber malade en même temps. Je ne savais pas si j’allais faire une grosse réaction », argue-t-elle.

Sans compter que la trentenaire a dû faire son rappel avec le sérum Moderna, faute de vaccin Pfizer disponible. Une « source de stress » supplémentaire, confie la Parisienne. Après avoir été cas contact et s’être fait tester, une fois le résultat reçu, elle a finalement sauté le pas… comme Manon à contrecœur.

Cette dernière juge d’ailleurs sévèrement la politique sanitaire menée notamment par les pays européens. Selon elle, « ce n’est pas en multipliant les doses que l’on va venir à bout de l’épidémie », à l’image de l’Espagne qui vient d’autoriser une quatrième dose pour les personnes très vulnérables. Le gouvernement espagnol envisage cependant dans le même temps de traiter la pandémie comme une épidémie grippe. Des experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) soulignaient quant à eux qu’une « stratégie de vaccination basée sur des rappels répétés », avec l’utilisation de sérums développés à partir des premières souches du virus, « a peu de chances d’être appropriée ou viable ». Pire même: l’autorité européenne de réglementation des médicaments craint que la réponse immunitaire ne soit en fin de compte diminuée, à force de « boosters » vaccinaux.

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées. Source : Sputnik France

%d blogueurs aiment cette page :