World Rugby: Beaumont veut « rendre le rugby plus accessible »

L’Anglais Bill Beaumont, qui vise un deuxième mandat à la tête de World Rugby, assure dans un entretien à l’AFP, vouloir « rendre le rugby plus accessible », tout en étant conscient des difficultés qui attendent son sport après la crise liée au coronavirus.

Bill Beaumont, 68 ans, aura pour adversaire son actuel vice-président, l’Argentin Agustin Pichot lors du vote dimanche. Les résultats seront rendus publics le 12 mai.

Q: Vous êtes le président de World Rugby depuis 2016. Quel bilan tirez-vous de ces quatre années?

R: « Je pense que je peux être fier, surtout avec cette incroyable Coupe du monde au Japon. J’étais de ceux qui ont poussé pour le Japon en 2009, ça c’est terminé avec un superbe tournoi et une belle équipe du Japon en quarts de finale. Donc c’est une immense fierté et une immense satisfaction. Côté rugby, nous avons également beaucoup travaillé sur la sécurité des joueurs, notamment autour des commotions cérébrales. Le rugby a toujours été au premier plan sur cette thématique, la santé et la sécurité des joueurs étant essentielles pour notre sport. J’estime d’ailleurs que la tolérance zéro appliquée aux plaquages hauts a permis de rééduquer les joueurs et que cela va aider à réduire le nombre de blessures. »

Q: Si vous gagnez, que comptez-vous instaurer que vous n’avez pas pu faire lors de votre premier mandat?

R: « J’aimerais que le rugby ne soit plus dominé par le physique. C’est un sport pour toutes les tailles et toutes les formes. J’aimerais voir plus d’expérimentations dans les règles pour faire évoluer le jeu. On ne sait pas toujours ce qu’un changement de règle va créer comme problème et la santé des joueurs est primordiale, évidemment, mais j’aimerais, par exemple, qu’on réfléchisse au nombre de remplaçants. Actuellement, les remplacements débutent au bout d’une heure, surtout en première ligne et le jeu en devient un peu prévisible. Et j’aimerais changer ça. Dans votre deuxième mandat, vous pouvez être beaucoup plus efficace que dans le premier. Au début, vous essayez de faire plaisir à tout le monde. Dans le deuxième, vous pouvez être plus courageux, plus visionnaire et faire la différence. Je veux rendre le rugby plus accessible. »

Q: Vous avez aussi parlé d’un Championnat des nations, un projet qui avait été abandonné l’an passé.

R: « C’est un de mes regrets. Je suis sûr qu’une telle compétition reviendra, peut-être sous une autre forme, qui permettra à tous de participer. Une variante du Championnat des nations pourrait être jouée dans les fenêtres internationales, avec des promotions et des relégations et ainsi éviter que les 10-12 mêmes équipes se retrouvent. Il y a d’autres compétitions internationales mais il y a des fenêtres en juillet ou en novembre mais si on les rapprochait, on pourrait avoir deux mois complets et y caser un tournoi. Évidemment ce ne serait pas annuel car il y a la Coupe du monde, les Lions britanniques… Mais on va y réfléchir. Une telle compétition serait vraiment excitante! »

Q: Vous allez affronter Agustin Pichot, qui était votre vice-président pendant quatre ans. Avez-vous été surpris par sa candidature?

R: « Non, je m’y attendais. Il m’en avait parlé au Japon. Mon manifeste est sorti en janvier, quand j’ai annoncé ma candidature. Nos programmes sont similaires mais c’est normal, nous avons travaillé ensemble. Il y a des différences entre nous mais il est clair qu’il faut qu’on fasse un audit de notre gouvernance, qu’on réfléchisse à la structure, qui doit être plus représentative, plus inclusive. Avec Agustin, c’est civilisé. C’est un passionné. Ce n’est pas parce que nous sommes adversaires dans une élection que l’on devient ennemis. C’est comme un jeu. On a des façons différentes de faire les choses mais c’est une compétition saine. »

Q: Comment voyez-vous le rugby sortir de la crise?

R: « L’un des principaux problèmes, c’est que l’on ne sait pas quand on pourra rejouer. La réalité, c’est qu’il y a de grandes chances que les tests matches de juillet ne puissent pas avoir lieu. Nous essayons de voir si on peut les caser dans une autre fenêtre en octobre et d’enchaîner ensuite avec les tournées de novembre. Si ces matches-là ne peuvent pas être disputés, tout le monde va devoir se serrer la ceinture. World Rugby a mis en place un plan de sauvegarde de 100 millions de dollars pour aider tous les pays. Au final, heureusement que la Coupe du monde a eu lieu l’année dernière. Sinon, on ferait face à une crise encore plus grande. »

Propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY

AFP / CHARLY TRIBALLEAU

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