Tennis: « On ne peut pas reprendre tant que la situation n’est pas sûre et juste », estime Nadal

« On ne peut pas reprendre tant que la situation n’est pas entièrement sûre et juste », estime jeudi Rafael Nadal, douze fois vainqueur de Roland-Garros, dont l’édition 2020 a été repoussée à l’automne en raison de la pandémie de nouveau coronavirus, et qui « déteste l’idée » de jouer à huis clos.

Le tennis mondial est à l’arrêt depuis début mars et au moins jusqu’à début août.

Q: Sans crise sanitaire, Roland-Garros se jouerait en ce moment. Le tournoi vous manque-t-il et êtes-vous optimiste quant à sa tenue à l’automne ?

R: « Je ne suis pas optimiste, je ne suis pas négatif, je ne sais pas. Je suis juste ce qui se passe, la pandémie. Bien sûr, jouer au tennis me manque, jouer mes tournois préférés me manque. En même temps, je n’ai pas la tête à ça. Mon esprit est concentré sur l’idée d’essayer de retrouver une vie normale, sur le plan personnel, c’est la première chose à faire. Après, on essaiera d’organiser nos vies professionnelles. Mais le tennis est un sport globalisé, avec des gens qui viennent du monde entier, donc c’est un sport difficile à relancer. Je crois vraiment qu’il faut rester calme, patient, et travailler jour après jour à des solutions, mais en même temps, on doit envoyer un message fort et très clair à la société. On ne peut pas reprendre tant que la situation n’est pas entièrement sûre en termes sanitaires et juste quant au fait que tous les joueurs, d’où qu’ils viennent, puissent voyager et jouer des tournois dans des conditions sûres. »

Q: Vous étiez très pessimiste sur une reprise éventuelle de la saison 2020 il y a quelques semaines. Votre position a-t-elle évolué ?

R: « Si vous me disiez (de jouer l’US Open, prévu à partir du 24 août) aujourd’hui, je vous dirais non. Dans quelques mois, je ne sais pas. J’espère que oui. (…) On doit attendre que les gens retrouvent une vie normale. Et quand ce sera le cas, attendre de voir comment le virus va évoluer. C’est très difficile pour moi de séparer ce que le monde vit de mon point de vue sur le tennis, c’est pour ça que j’étais très pessimiste il y a quelques semaines. Dans mon esprit, si le monde entier souffre, si beaucoup de gens meurent à cause de cette pandémie, on ne peut pas envisager d’organiser un énorme événement sportif avec plein de gens venant du monde entier. Ce ne serait pas réaliste. A mon avis, ce n’était pas le bon message à envoyer il y a quelques semaines. C’est vrai que la situation est un petit peu moins négative maintenant. Est-ce qu’il y a une possibilité (que la saison reprenne) ? Oui. Est-ce que je suis très optimiste ? Non, parce que je ne peux pas prédire ce qui va se passer dans les prochains mois. Mais ma position n’a pas changé : on doit faire preuve de responsabilité, on doit (d’abord) être certain que la situation est suffisamment sûre, et après bien sûr, essayer de relancer le circuit, quand on y verra clair. »

Q: Imaginez-vous jouer des tournois à huis clos ?

R: « Honnêtement, je déteste l’idée, mais si c’est la seule solution, pourquoi pas ? Je ne conçois pas le tennis sans l’énergie du public, sans la passion qu’un stade plein vous apporte. Mais si c’est comme ça, si on doit jouer sans spectateurs, je le ferai. »

Q: A quel point jouer Roland-Garros à l’automne serait différent ?

R: « Ca change tout. Ca change la préparation, la météo sera probablement différente. Je suis habitué à le jouer à une autre période et à avoir un calendrier différent. Mais si c’est ce qui se passe, il faudra que je m’adapte, comme tout le monde. Si finalement c’est possible de jouer Roland-Garros (en 2020), j’essaierai de me préparer le mieux possible pour être très compétitif. »

Rafael Nadal vainqueur du tournoi d’Acapulco (Mexique), le 29 février 2020
AFP/Archives / PEDRO PARDO

Q: Comment vivez-vous votre reprise du tennis après ce long confinement ?

R: « Je suis surtout heureux de pouvoir revoir mes amis, ma famille, de partager des moments avec les gens que je n’ai pas pu voir pendant tellement longtemps, plus que de pouvoir rejouer au tennis. Mais je suis bien sûr content de rejouer. J’y vais très doucement, pas à pas. Je ne joue pas tous les jours. Je me prépare juste à être prêt à reprendre un peu plus fort dans quelques semaines. Physiquement, ça va mais je ne me teste pas. Avec mon équipe, on s’entraîne avec beaucoup de précaution, on augmente la charge de travail très, très lentement. Notre objectif, ce n’est pas d’être prêt dans une, deux ou trois semaines, c’est d’être prêt à reprendre un vrai entraînement quand on aura un calendrier clair. Ce qu’on fait en ce moment, c’est une pré-préparation. »

Propos recueillis lors d’une visioconférence réservée aux agences de presse.

L’Espagnol Rafael Nadal vainqueur de Roland-Garros, le 9 juin 2019 – AFP/Archives / Philippe LOPEZ

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