Tennis: A l’heure des choix, l’étau se resserre autour de l’US Open

Comment articuler la reprise ? Le tennis mondial doit lever le voile sur ses intentions lundi mais l’étau se resserre autour de l’US Open sous l’effet des réserves exprimées par joueurs et joueuses du haut du panier.

Pour l’instant, le tennis mondial est à l’arrêt depuis début mars et jusqu’à début août, à l’aube de la tournée américaine qui mène à Flushing Meadows. Wimbledon a été annulé — c’est historique –, Roland-Garros s’est fait une place à l’automne et l’US Open est toujours programmé du 31 août au 13 septembre. Mais rien n’est gravé dans le marbre.

En deux tweets sur la visioconférence qui a réuni ATP et joueurs mercredi, le Slovaque Lukas Lacko, classé au-delà de la 150e place mondiale, a résumé l’ampleur du chantier.

« 400 personnes. Une réunion de 3h36. Beaucoup de sujets abordés, dont les projets pour l’US Open. Beaucoup de participation de la part des joueurs. Cinq jours pour décider », écrit-il.

« J’ai l’impression que ça va chauffer ces prochains jours », prédit-il.

La tenue ou non de l’US Open à ses dates initiales, et surtout dans quelles conditions sanitaires, est la première question brûlante.

L’Autrichien Dominic Thiem, N.3 mondial, en conférence de presse en marge du tournoi caritatif organisé par Novak Djokovic, le 12 jjuhin 2020 à Belgrade
AFP/Archives / Andrej ISAKOVIC

– Sous bulle à l’aéroport ? –

Plusieurs joueurs, le N.1 mondial Novak Djokovic en tête, ont évoqué le strict cahier des charges mis sur la table par la Fédération américaine de tennis (USTA), qui organise le Grand Chelem new-yorkais. En vrac, une mise sous bulle dans un hôtel de l’aéroport JFK, un seul accompagnant par joueur, ou encore des vols charter selon la presse espagnole.

Pas du goût du Serbe, qui ne manque pas une occasion de faire passer le message.

« Les règles à respecter sont extrêmes », a-t-il estimé il y a une semaine en qualifiant de « vraiment impossible » de n’être accompagné que d’un membre de son entourage.

« Je ne sais pas si elles sont soutenables. La plupart des joueurs avec lesquels j’ai discuté jusqu’à présent ont une position assez négative », a-t-il insisté quelques jours plus tard.

Le scénario le plus réaliste selon lui ? « Que la saison reprenne sur terre battue début septembre. »

Si Roger Federer, qui a tiré un trait sur 2020 après avoir été réopéré du genou droit, se tient à l’écart des débats, l’autre poids lourd du circuit, Rafael Nadal, n’a pas caché non plus ses réserves.

« Si vous me disiez d’aller jouer l’US Open aujourd’hui, je vous dirais non », a-t-il tranché début juin. « Dans quelques mois, je ne sais pas. J’espère. »

Mais « on ne peut pas reprendre tant que la situation n’est pas entièrement sûre » et équitable, soulignait-il.

L’Australienne Ashleigh Barty lors de son quart de finale de l’Open d’Australie contre la Tchèque Petra Kvitova le 28 janvier 2020 à Melbourne
AFP/Archives / Manan VATSYAYANA

– Fine bouche –

D’autres joueurs, comme Dominic Thiem, actuel N.3 mondial et finaliste du dernier Open d’Australie, et Alexander Zverev (N.7) leur ont emboîté le pas. « Certaines conditions devront changer pour qu’y aller ait un sens », considère le premier.

« C’est excitant de reparler de tennis mais j’aurais besoin de connaître toutes les informations et les recommandations de la WTA et de l’USTA avant de prendre une décision », avance prudemment la N.1 mondiale Ashleigh Barty.

Un cran en-dessous, on s’agace de voir les mieux classés faire la fine bouche.

« C’est facile quand on a gagné presque 150 millions de dollars au cours de sa carrière de rechigner à jouer l’US Open », attaque l’Américaine Danielle Collins, demi-finaliste de l’Open d’Australie 2019 et aux portes du top 50.

« Pour ceux d’entre nous (la plupart) qui ne voyagent pas avec une équipe, on a justement besoin de recommencer à travailler. Ce serait bien que le N.1 mondial soutienne cette opportunité plutôt que de la gâcher », poursuit-elle.

« Combien de temps va-t-on attendre ? Jusqu’à avoir la perfection ? », s’interroge le Britannique Dan Evans, 28e joueur mondial.

L’Américaine Danielle Collins contre l’Australienne Ajla Tomljanovic le 23 mai 2020 à Palm Beach en Floride
GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives / Michael Reaves



« Il n’y aurait pas de meilleur soutien financier pour les joueurs moins bien classés qu’un Grand Chelem », pointe-t-il.

Alors l’US Open aura-t-il lieu ? Avec ou sans tournoi préparatoire, avec ou sans qualifications ? De quel créneau automnal héritera finalement Roland-Garros ?

Au-delà des avis des uns et des autres, avec un sport largement globalisé, itinérant, et à la gouvernance éclatée en sept morceaux (ATP, WTA, quatre Grand Chelem et ITF), difficile d’imaginer pire casse-tête par temps de pandémie.

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