Orlando, capitale du sport américain cet été, opération gagnante pour Disney

Le complexe sportif créé par Disney au sein de son parc d’attraction d’Orlando s’apprête à accueillir NBA et MLS, une opération gagnante pour le groupe, qui s’assure fréquentation, programmation et publicité durant un été plombé par le coronavirus.

C’est sur ce site de 103 hectares, aménagé sur d’anciens marais de Floride, que la ligue de basket nord-américaine NBA va finir sa saison, à partir du 31 juillet et disputer plus d’une centaine de matches d’ici au 12 octobre.

Du 8 juillet au 11 août, la ligue de football MLS jouera elle, au même endroit, un tournoi en attendant d’éventuellement pouvoir reprendre sa saison, elle aussi sans spectateurs, pandémie oblige et avec un minimum de personnes par délégation pour limiter les risques de propagation du coronavirus.

Inauguré en 1997, l’ESPN Wide World of Sports est propriété du groupe Disney, diffuseur de la NBA, via la chaîne ABC et le réseau câblé ESPN, moyennant environ 1,4 milliard de dollars par an.

ESPN possède également une partie des droits de la MLS, pour lesquels il ne paye, en revanche, que quelques dizaines de millions de dollars par an.

« Le lien avec ESPN aide, c’est clair », estime Victor Matheson, professeur d’économie du sport à l’université d’Holy Cross (Massachusetts), l’un étant diffuseur de l’autre depuis près de 20 ans (2002).

Signe de cette relation forte, Disney a inauguré, en 2019, la NBA Experience, sorte de petit musée interactif de la ligue de basket, au coeur même de Disney World, parc gigantesque de plus de 100 km2, soit quasiment la taille de San Francisco.

– Promotion pour Walt Disney World

Les portes de Disneyworld en Floride restent pour le moment fermées. Photo prise le 5 mai 2020 à Kissimmee aux Etats Unis.
AFP/Archives / Daniel SLIM

Mais pour l’universitaire, ce n’est pas la seule raison qui a vu le complexe l’emporter sur Las Vegas, Atlantic City ou Nassau, aux Bahamas.

« Ils ont déjà des installations sportives qui leur permettent d’accueillir plusieurs tournois », dit-il à propos des trois salles couvertes, avec 18 terrains au total en configuration basket. Et « ils ont l’expérience ».

Le complexe a, en effet, été créé principalement pour accueillir des compétitions de juniors et Disney a signé un contrat de 30 ans avec l’Amateur Athletic Union (AAU), la principale organisation de sport jeunesse aux Etats-Unis.

Las Vegas organise chaque année la ligue d’été de la NBA sur le campus de l’université d’UNLV, mais les deux salles sont en coeur de ville, alors que le WWS de Disney est une cité autonome. Ce qui simplifie a priori la gestion des risques sanitaires liés au Covid-19 et un fonctionnement en vase clos.

« Vous n’accueilleriez pas du sport professionnel là-bas si votre but était d’attirer du public », explique Keith Smith, qui a travaillé pour Disney durant près de 20 ans et couvre aujourd’hui la NBA en tant que journaliste.

Aucune des trois salles ne peut recevoir plus de 8.000 personnes. « Mais pour un événement comme celui-là, sans spectateurs, c’est parfait. »

Au-delà, NBA et MLS pourront bénéficier des installations hôtelières de Walt Disney World, aujourd’hui désertes car le parc est fermé, notamment deux complexes situés à quelques centaines de mètres, de l’autre côté d’une autoroute.

Et même après la réouverture partielle du parc aux visiteurs, prévue en juillet, il n’y a pas de risque que touristes et joueurs NBA se croisent.

Carlos Vela, du Los Angeles FC, meilleur joueur de MLS la saison dernière
GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP / Harry How

« Les parcs sont assez loin du Wide World of Sports », explique Keith Smith, qui a été le premier à suggérer publiquement l’idée de la venue de la NBA à Orlando. « Et puis, il y a de la sécurité à chaque entrée (du complexe). Donc personne ne s’approchera des équipes NBA s’il n’y est pas autorisé. »

Pour Victor Matheson, cette organisation permet à ESPN et à la NBA d’éviter un choc économique majeur. La ligue américaine perd 40% environ des recettes qu’elle génère aux guichets mais sauve près d’un milliard de dollars de revenus télés, selon le site The Athletic.

Côté Disney, le groupe va recevoir une indemnité de la NBA pour la location des lieux, le gîte et le couvert, mais l’important est ailleurs.

« Ils vont pouvoir diffuser ces matches qui, sans cela, n’auraient pas été joués, et faire beaucoup de promotion pour Walt Disney World durant tout le séjour de la NBA là-bas », relève Keith Smith.

« Donc ils vont y gagner financièrement, mais aussi sous d’autres formes. »

Giannis Antetokounmpo, des Milwaukee Bucks, lors d’un match à Toronto en mai 2019 – GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP / Gregory Shamus

%d blogueurs aiment cette page :