L’horizon du football français se dégage… un peu

L’annonce d’une levée progressive du confinement à compter du 11 mai a apporté quelques réponses au football français, entretenant l’espoir d’achever avant fin juillet sa saison suspendue à cause du coronavirus. Mais si reprise il y a, en juin, le huis clos risque d’être inévitable.

Dans une allocution télévisée lundi soir, le président français Emmanuel Macron a partiellement clarifié deux inconnues de la complexe équation qui préoccupe la Ligue de football professionnel (LFP) depuis plusieurs semaines pour dessiner le calendrier de sa reprise.

La première, c’est la date du 11 mai comme point de départ du déconfinement, qui assure aux clubs du Championnat que toute reprise des entraînements avant cette date sera exclue. La LFP a fait savoir mardi qu’elle attendait désormais, avant de présenter un « plan de reprise », les « précisions » du gouvernement sur son « plan de déconfinement », qui doit être dévoilé dans les quinze prochains jours.

La seconde, c’est l’interdiction de tout événement rassemblant un « public nombreux » jusqu’à la mi-juillet, ce qui suggère, dans l’attente de modalités devant être précisées « chaque semaine » à partir de mi-mai, qu’aucune rencontre ne pourra accueillir de public jusqu’à cette date.

Sans surprise, selon un membre du bureau de la LFP interrogé par l’AFP: « Cela fait un moment qu’on n’imaginait plus reprendre avec des spectateurs », souligne-t-il, en dépit du mécontentement des supporters devant cette perspective.

Toutefois, selon un autre membre du Bureau, « les choses vont dans le bon sens ».

L’attaquand de Metz Ibrahima Niane (à droite) lors du match contre Bordeaux au stade Saint Symphorien le 8 février 2020 – AFP/Archives / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

– Scénario privilégié –

Si les entraînements sont autorisés dès le 11 mai, « cela peut coller à notre schématique », précise-t-on de même source: le groupe de travail de la LFP sur les scénarios de reprise avait tablé la semaine dernière sur une reprise des entraînements « à partir du 3 mai, avec un volant de 15 jours ».

A partir de ces considérations, et des dates « privilégiées » de reprise de la saison suivante fixées au 23 août pour la Ligue 1 depuis vendredi, un « rétroplanning » se dessine.

L’une des bases de travail, considérée tantôt comme une « hypothèse » selon un membre du Bureau, tantôt comme « le scénario privilégié » par un autre membre, est de reprendre la saison, stoppée à la 29e journée, le 17 juin, ce qui laissera aux joueurs au moins quatre semaines pour se réathlétiser. Précisément le laps de temps nécessaire le plus souvent évoqué par les différents acteurs interrogés.

Viendrait ensuite un sprint final infernal, avec deux journées disputées par semaine, jusqu’au 25 juillet, jour de la 38e et ultime journée. Un calendrier auquel il faudra ajouter les deux finales de Coupes, que les organisateurs ont toujours souhaité disputer avec des spectateurs. Ainsi que les barrages d’accession Ligue 1-Ligue 2, prévus dans ce scénario pour avoir lieu fin juillet ou début août.

L’attaquant de Lille Victor Osimhen (à gauche) et le défenseur de Marseille Jordan Amavi, en Ligue 1 au Stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq, le 16 février 2020 – AFP/Archives / FRANCOIS LO PRESTI

– « Pas beaucoup de certitudes » –

L’intérêt de ce calendrier encore hypothétique ? En établissant des dates pour redémarrer 2020-2021, il permet, selon une source proche du dossier, de « sécuriser » la saison prochaine, celle de l’explosion des droits TV, dépassant pour la première fois le milliard d’euros annuel avec l’arrivée d’un nouveau diffuseur, le groupe espagnol Mediapro.

Et il laisse entrevoir la possibilité de voir versée au moins une partie des droits TV de la saison actuelle, pour le moment suspendus par beIN Sports et Canal+, avec qui des discussions ont démarré. Même si toutes les journées ne pouvaient pas se jouer en raison de la crise sanitaire, cela permettrait de sauver une part de cette manne essentielle pour les clubs (36% de leurs recettes en 2018-19 selon le gendarme financier du football, la DNCG).

Ce calendrier hypothétique reste néanmoins suspendu à de nombreux éléments. « Il n’y a pas beaucoup de certitudes malgré tout à l’heure actuelle », pointe un président de Ligue 1. « Que se passera-t-il s’il faut reconfiner une deuxième fois après le 11 mai? », interroge-t-il, préférant considérer le « pire » scénario plutôt que rester accroché au « meilleur ».

En plus de l’évolution de la crise sanitaire et des modalités du déconfinement, ce planning ne fonctionne que si l’UEFA reporte à août la fin de ses compétitions européennes, Ligue des champions en tête. Une hypothèse que la Confédération européenne a esquissé auprès des Ligues, selon plusieurs acteurs du football français, mais qu’elle doit encore entériner en comité exécutif le 23 avril.


Le joueur brésilien du PSG Neymar, entouré par les Lyonnais Leo Dubois et Lucas Tousart en demi-finale de Coupe de France à Decines-Charpieu le 4 mars 2020 – AFP/Archives / Philippe DESMAZES

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