
Des tutoriels fleurissent sur les réseaux sociaux pour fabriquer à la maison des masques de protection contre le nouveau coronavirus, conçus avec du tissu, du coton ou encore du sopalin.
Interrogé par l’AFP, le ministère français de la Santé a indiqué que si ces masques pouvaient être utilisés dans certains cas, ils restaient « peu efficaces » et ne remplaçaient aucunement les mesures barrières et de distanciation sociale.
Sur cette vidéo, partagée plus de 22.000 fois sur Facebook depuis le 8 mars, un homme se propose de fabriquer « un masque aussi efficace que ceux qu’on trouve en pharmacie » à l’aide d’un « rouleau de papier bien épais« , de deux élastiques et d’une agrafeuse. Après avoir réalisé un pliage, il dispose le masque, conçu avec du sopalin, sur son nez, sa bouche et son menton, en l’attachant à ses oreilles avec les élastiques. « Et voilà, on respire normalement mais avec une belle protection !« , conclut-il.
En commentaire, une internaute « couturière » a également publié une photographie d’un masque fait maison avec du tissu.

On trouve aussi des tutoriels sur YouTube, comme celui-ci, vu plus de 800.000 fois à date du 18 mars et récemment relayé par un article du journal Ouest France au sujet du coronavirus. Une note sous la vidéo rappelle que ces masques artisanaux ne sont pas certifiés par les autorités sanitaires.
Interrogée le 17 mars par l’AFP, la Direction générale de la santé (DGS), qui dépend du ministère français de la Santé, a indiqué que « les Français ne présentant pas de symptômes n’ont pas besoin de porter un masque« .
Les personnes malades doivent normalement rester confinées et éviter de se déplacer. Mais si des personnes malades, ne disposant pas de masques certifiés, se retrouvent dans l’obligation de sortir de chez elles, « elles peuvent se confectionner des masques artisanaux« , a ajouté la DGS.
Citant une étude de 2008, la DGS estime ainsi que les masques artisanaux « peuvent participer à une diminution de la transmission du virus par les personnes malades » mais qu’ils restent « peu efficaces pour éviter les projections virales« , comparés aux masques homologués.
De plus, ces masques bricolés « risquent de faire croire à un faux sentiment de sécurité vis-à-vis du virus, alors que les mesures les plus importantes sont les gestes barrières et le respect de la distanciation sociale« , a prévenu la DGS.

Il existe actuellement deux types de masques certifiés et réservés en priorité aux malades ou aux professionnels de santé : les masques FFP2 et les chirurgicaux.

Leur différence réside principalement au niveau du filtre des particules. « Un masque FFP2 va avoir un meilleur filtre. On réserve ce type de masques aux personnels soignants exposés à des projections très fines de particules« , a précisé la DGS.
Les masques chirurgicaux sont eux réservés à « toute personne malade et aux personnes contacts des personnes à risque modéré/élevé » ainsi qu’aux « professionnels de santé, aux personnes chargées des premiers secours et en charge du transport sanitaire en cas de suspicion de contact avec une personne malade« , comme il est écrit ici sur le site du ministère.
Au contraire, « l’utilisation des masques chirurgicaux par la population non malade est exclue« , écrivait le ministère le 13 mars. « L’usage à titre préventif pour les personnes n’étant pas en contact rapproché des malades est en effet inutile« .
Au début de l’épidémie, la ruée des Français dans les pharmacies pour se procurer des masques a suscité une pénurie de masques pour les personnes malades et les professionnels de santé, a souligné le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine Gilles Bonnefond.
« Tous (les Français non malades) qui ont pris des masques à la place de ceux qui sont malades ont désorganisé le système de santé« , a affirmé M. Bonnefond à l’AFP le 16 mars.
De plus, la DGS assure que « le port du masque en continu n’est pas la bonne solution« . « Cela augmente les manipulations et les risques de contamination, puisqu’il est recommandé de garder un masque 4h maximum« , a-t-elle détaillé à l’AFP.
Après avoir réquisitionné les stocks de masques par un décret du 3 mars, le gouvernement a dit le 16 mars vouloir renforcer la priorité de l’accès aux masques pour les professionnels de santé, « dans les zones où le virus circule activement« . La liste des zones pourra être actualisée.

Des masques FFP2 et chirurgicaux sont en train d’être livrés en pharmarcie dans toute la France, depuis mardi et jusqu’à jeudi, selon le gouvernement.
En France, l’épidémie poursuivait sa progression exponentielle, avec 1.000 nouveaux cas en 24 heures selon le dernier bilan du mardi 17 mars, pour un total de 7.730 personnes testées positives. On compte 175 décès (27 de plus que la veille) et 699 patients dans un état grave étaient en réanimation (contre 400 dimanche) sur 2.579 malades hospitalisés, avec certains services d’urgence saturés.