Les Français, champions du monde, mais des « Bleus » à l’Euro

Championne du monde de la discipline, finaliste de la précédente édition de l’Euro, archi-favorite de la compétition, forte d’un groupe soudé et solide constitué d’individualités évoluant dans les meilleurs clubs de la Liga, de la Premier League et de la Bundesliga, la France a été, en dépit de l’ensemble de ces atouts indéniables, éliminée « prématurément » de la compétition paneuropéenne de football.

En effet, les « Tricolores » ont souffert, lundi après-midi, sur la pelouse de la « National Arena » de la capitale roumaine Bucarest, et malgré la conséquente avance de deux buts, à seulement cinq minutes du terme d’un match « abracadabrantesque », les coéquipiers du gardien, Hugo Lloris, ont mordu la poussière.

D’ailleurs, le portier du club londonien de Tottenham, qui a stoppé un penalty à l’heure du jeu, le premier en 129 sélections (depuis 2012), mais n’en a arrêté aucun lors de la fatidique séance des Tirs aux buts, a résumé la situation et l’état d’esprit qui caractérisaient les joueurs, en déclarant à l’issue de la rencontre que « cette défaite nous fait mal ».

Il a ajouté que « les regrets que l’on peut avoir certainement, c’est que l’on aurait pu gérer un peu mieux un 3-1. Je crois que notre force par le passé, ça a été d’être un coffre-fort, d’être une équipe solide qui ne donnait rien à l’adversaire, et ce soir, on les a laissés dans le match ».

Une défense méconnaissable

Effectivement, l’assise défensive des « Bleus », un atout sur lequel l’entraîneur Didier Deschamps a configuré le jeu de l’équipe, des années durant, ce qui lui a permis d’adopter un système de jeu efficace, qui l’a mené vers le toit du monde, a failli durant ce tournoi.

Méconnaissable, la défense a été le principal talon d’Achille du onze aligné, ce qui a fait valoir aux joueurs, dépassés par le rythme et la vivacité des attaquants transalpins, en l’occurrence, le Madrilène Varane, le Barcelonais Lenglet et le Munichois Pavard, des notes oscillant entre 2,5 et 3 (sur 10), qui leur ont été attribuées par les médias français spécialisés, lors de l’évaluation d’après-match.


Les poulains du Basque ont encaissé dans trois matchs sur quatre disputés, totalisant six buts dans l’escarcelle de leur gardien, contre sept marqués, dont quatre par le « revenant » Karim Benzema.

L’ancien joueur des « Gones » et faiseur des beaux jours du Real Madrid, qui avait la mine déconfite à l’issue du match et qui est resté de longues minutes sur la pelouse après le sifflet final, a été parmi les rares satisfactions des Tricolores durant ce tournoi, une sorte de rescapé d’un naufrage collectif.

Après avoir été banni pendant plusieurs années des rangs des Bleus, Benzema a réussi à sauver, momentanément, la mise à deux reprises, face, respectivement au Portugal et à la Suisse, en inscrivant deux doublés, soit les deux tiers de l’ensemble des réalisations de toute l’équipe.


L’attaquant de la « Casa Blanca », âgé de 33 ans, a signé deux buts en l’espace de trois minutes, permettant à la France de se relancer dans un match compliqué, en égalisant, dans un premier temps, avant de prendre l’avantage, qui sera creusé, un quart d’heure plus tard, par le Mancunien Paul Pogba, qui a décoché un bijou, des 25 mètres, niché en pleine lucarne des filets adverses.

Lacunes ahurissantes

Cette défaite, amère aux yeux des observateurs de la scène footballistique française, dont certains ont qualifié l’élimination de « coup de tonnerre », tout en mentionnant le mérite des Suisses, a mis à nu une série de lacunes ahurissantes, aussi bien dans le compartiment défensif que dans l’animation offensive et dans la transmission fluide du jeu, faisant assumer une large part de la responsabilité au schéma tactique mis en place par l’ancien coach phocéen, mais aussi à Kylian Mbappé, resté muet, pendant 390 minutes.


A l’opposé du retour gagnant de Karim Benzema, c’est la prestation décevante de l’attaquant du PSG, Kylian Mbappé, qui a déçu et déplu à plus d’un.

L’ancien Monégasque, dont la valeur marchande a été fixée par le club parisien à 200 millions d’euros, a brillé par son absence durant ce tournoi, bien qu’il ait été aligné, dès l’entame lors des trois matchs de poule et au cours du huitième de finale.

Mieux – ou pire- encore, l’athlétique Mbappé s’est offert le luxe de rater le cinquième tir au but de son équipe, arrêté d’une main ferme par le keeper suisse, Yann Sommer, ce qui a été synonyme de couperet pour les Bleus.
Cet arrêt a permis au gardien de buts suisse, « fier d’avoir fait l’Histoire », de savourer la victoire, la première face à la France en match officiel, et de parler « d’une soirée de football incroyable ».

Trois prestations décevantes

Toutefois, la défaite des coéquipiers du doublement « Bleu », Ngolo Kanté, une autre déception de taille, et les retournements de situation au cours de ce huitième de finale, ne doivent aucunement être l’arbre qui cacherait la forêt.

En effet, lors des trois prestations livrées dans le groupe F, surnommé « Groupe de la mort », les champions du monde n’ont pas été particulièrement brillants, concédant un score de parité face au Portugal de Ronaldo et à la Hongrie, outsider de la poule. Il convient de rappeler que les protégés de Deschamps ont été menés au score durant les deux rencontres.


Et même l’unique match remporté par les Bleus durant cette compétition, face aux Allemands, n’a été possible qu’à la faveur d’un but marqué contre son camp, par l’entremise du malheureux défenseur de la Borussia Dortmund, Mats Hummels, qui au lieu de dégager la balle, l’a précipitée dans les filets de son portier, le géant Neuer, à la 20ème minute du jeu.

Durant le reste de ce match d’ouverture de la France, ce sont les milieux de terrain et les attaquants de la Mannschaft, qui ont subtilisé le cuir à leurs adversaires du jour et qui se sont créés le plus d’occasions.
C’est dire que les Bleus n’étaient pas au top durant cet Euro et que leur élimination face à l’étonnante équipe suisse n’est pas une surprise entière.

Reste qu’après cette défaite, qui a fait et fera encore couler beaucoup d’encre, la lancinante question qui brûle les lèvres autant des supporteurs que des observateurs, est celle inhérente au destin de Deschamps à la tête de l’équipe.

Certains se sont mêmes hasardés à avancer le nom de Zinedine Zidane, successeur putatif du Bayonnais, qui officie à la barre technique des Bleus depuis neuf ans (juillet 2012, 117 matchs disputés, 76 victoires, 23 nuls, 17 défaites).

Notons que Zidane a fait toutes ses armes d’entraîneur au sein du Real Madrid, avec qui il a, notamment, remporté quatre Ligues des champions d’Europe, dont une en tant qu’adjoint de Carlo Ancelotti, et trois successives en tant qu’entraîneur en chef (record absolu).


Verra-t-on le natif de la Castellane à Marseille, originaire d’Algérie, et un des meilleurs joueurs tricolores de tous les temps si ce n’est le meilleur, intronisé à la tête de la France ? Une affaire à suivre…

Fatma Bendhaou – Hatem Kattou

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