
Hermès a été la tête d’affiche de la Semaine de la mode de Paris samedi, avec une mise en scène cinématographique et surréaliste, mais le manque de célébrités et la bruine irrégulière ont quelque peu freiné les événements, habituellement très animés.
Comme Milan avant elle, Paris entreprend une saison de mode inhabituelle pour le printemps-été 2021 en raison de la pandémie de coronavirus. Le calendrier de neuf jours oscille entre 16 collections de prêt-à-porter, des défilés avec des invités masqués en rangs assis, 20 présentations en personne et plusieurs dizaines de spectacles entièrement numériques diffusés en ligne avec des vidéos promotionnelles.
Quelques-uns des moments forts de la journée de samedi :

HERMES
Des estampes de sculptures de déesses gréco-romaines ornent les colonnes qui jalonnent le spectacle labyrinthique d’Hermès, tandis que les miroirs qui entourent le décor reflètent des parties de leurs membres en marbre. La présentation créative faisait référence aux surréalistes Salvador Dali et Jean Cocteau, évoquant un sentiment de magie, de mystère et de profondeur.
La profondeur était en effet le thème principal de la créatrice minimaliste Nadège Vanhee-Cybulski, mais la magie et le mystère manquaient parfois dans les vêtements. Des mailles métalliques scintillantes se retrouvaient comme couche extérieure sur des sous-vêtements dépouillés aux teintes sombres et sourdes.
Dans un LWD (Little White Dress), les mailles dorées ressemblaient à une cotte de mailles perlée et avaient un effet très années 90. Ailleurs, le jeu de la profondeur s’est poursuivi, les pans d’une robe brune à l’allure ethnique ayant été enlevés pour exposer la peau du modèle.
Il s’agissait, dans l’ensemble, d’une collection à faible consommation d’énergie. Néanmoins, les vêtements individuels étaient très sophistiqués, en particulier ceux avec des panneaux superposés. Un manteau en vieux rose avait un col roulé chic qui rappelait les vêtements d’aviation.
ALTUZARRA EST SOPHISTIQUÉE
Tailler, froncer, draper et superposer, telle était la formule gagnante du designer parisien Joseph Altuzarra dans son programme printemps-été au look raffiné. Une robe tunique blanche chinoise, ample et à col ouvert, avait une qualité angélique. La délicatesse était évidente dans le cordon noir minimaliste qui nouait la taille du vêtement.
Une robe à fronces en vert camouflage, dont la jupe était ornée de larges pans de tissu froncé, évoquait une déesse dans le vent. C’était, a déclaré la maison après le spectacle, inspiré par le film de science-fiction « Dune », balayé par le vent.
Les plus beaux looks étaient aussi ceux dans lesquels le designer, d’origine chinoise, américaine et française, mélangeait les références culturelles. Un trench-coat occidental argenté a été façonné dans des proportions et des couches volumineuses, et sa partie inférieure avait la sensation d’un hakama (pantalon à jupe) de samouraï avec une ceinture Obi.
Altuzarra a fait preuve de polyvalence au cours de ses dix années de collections qui sont passées de modèles lumineux et joyeux à des modèles plus raffinés et plus couture. Samedi, c’était un mélange des deux.
ESTER MANAS AIME TOUT LE MONDE
Ester Manas est une marque qui a fait sensation à la Semaine de la mode de Paris lors des dernières saisons, avec une approche corporelle positive qui est, malheureusement, trop rare. Le duo de stylistes à la barre — la Française Ester Manas et le Belge Balthazar Delepierre — a déclaré que leur présentation de samedi « a été inspirée par de vraies femmes, quelles que soient leurs tailles, leurs couleurs ou leurs formes ».
Le spectacle, intitulé « Superhuman », a présenté des looks décontractés aux proportions libres et des éclairs de plaisir de design. Un mannequin de grande taille a bercé une robe en tricot rouge vermillon avec un décolleté, une jambe fendue et des trous de coucou sur un ventre orné d’un grand cœur. Plus la taille est sexy et plus on l’aime : Le message était clair et fort.
Il y avait aussi un certain flair pour le design, comme un pantalon jaune en coton souple avec un amusant peplum gargantuesque. La priorité de la saison était de pouvoir être portée.
VIVIENNE WESTWOOD
Andreas Kronthaler s’est mis en tête d’habiller sa partenaire, l’icône de la mode Vivienne Westwood, avec des bas résille rouge vif et des talons aiguilles en satin rose champagne alors qu’elle faisait un tour de mannequin. Les cheveux en bouffant et portant une robe à carreaux rouge et une grande chaîne noire et dorée, la Westwood, 79 ans, avait l’air libre, glamour et plein de pouvoir.
Le reste de la collection reprend les thèmes de ce premier look : silhouettes lâches, carreaux rouges et cils de chaîne.
Comme toujours avec Kronthaler, les références dans le mélange des styles étaient vertigineuses. Un modèle androgyne tenait une boombox rétro géante.
Westwood a de nouveau posé dans une robe épaisse en forme de trapèze jaune pâle, assez farfelue mais d’allure royale. On aurait dit que la garde-robe de Marie-Antoinette et celle de la défunte reine mère d’Angleterre avaient fait l’objet d’une pollinisation croisée.
Les mannequins portent des créations de la collection Hermès Printemps-Été 2021, le samedi 3 octobre 2020, pendant la semaine de la mode à Paris. (Photo de Vianney Le Caer/Invision/AP)