Assoupi par deux mois de confinement, le Mont-Saint-Michel revient doucement à la vie

Assoupi pendant deux mois, le Mont-Saint-Michel revient très doucement à la vie: mardi, au lendemain du déconfinement, les visiteurs se font rares et ne peuvent accéder à l’abbaye, le joyau du rocher dont la réouverture pourrait intervenir « courant juin ».

Sous un soleil radieux tempéré par un petit vent de nord-est, William Froux et ses fillettes âgées de trois et cinq ans, tous trois masqués, s’apprêtent à emprunter la navette qui les mènera au Mont qui se dresse, majestueux, à quelques centaines de mètres. « On est des locaux, on y vient régulièrement et, là, c’est le seul point du littoral où on a accès à la mer puisque les plages sont encore fermées », explique le père.

Avant de monter à bord, du gel hydroalcoolique leur est proposé au pied de la navette qui, en dehors de la petite famille, embarque simplement un couple.

Dans une rue du Mont-Saint-Michel, le 12 mai 2020
AFP / LOU BENOIST

« On est dans des conditions sanitaires les plus optimales possibles », explique Fabrice Fossey, directeur du syndicat mixte du Mont. « En temps normal, les navettes transportent jusqu’à 85/90 personnes. Mais, là, on a condamné un certain nombre de sièges et on embarque 18 personnes au maximum ».

A l’entrée du Mont, un parcours fléché a été formalisé pour dissocier les flux d’entrée et de sortie. Les barrières métalliques et les rubans de chantiers rouge et blanc viennent perturber le charme de l’étroite rue principale bordée de vieilles maisons de pierre.

Dans une rue du Mont-Saint-Michel, le 12 mai 2020


– « le Mont pour nous » –

En contrepartie, une chance inattendue attend les visiteurs: « on est arrivé à 9H00 et on a eu le Mont pour nous toutes seules (…) C’était magnifique de le voir sans la foule. Je ne l’ai jamais vu comme ça », s’enthousiasme Claudie Jambon, venue avec une amie septuagénaire comme elle. Mais l’absence de cohue qui réjouit les visiteurs ne fait pas l’affaire des commerçants, peu nombreux à avoir ouvert.

« J’ai vu trois clients depuis le matin », constate, en milieu de journée, Nathalie Thomas, vendeuse dans un magasin de vêtements. « Ma collègue qui tenait le magasin hier, n’a vu personne de la journée! »

A bicyclette avec au loin le Mont-Saint-Michel, le 12 mai 2020
AFP / LOU BENOIST

Un peu plus loin, Christophe Frammery a ouvert lundi deux des cinq magasins que détient sa famille: « On démarre, on regarde… S’il y a un peu de monde, on pourra rouvrir les autres », dit-il pendant qu’une employée époussète les centaines de bibelots et souvenirs proposés à la vente.

« Avec la règle des 100 km, ceux qui viennent, ce sont des gens du coin qui en profitent maintenant parce qu’il n’y a pas trop de monde. Mais les touristes d’ailleurs, comme la clientèle internationale, ne peuvent pas venir », constate le commerçant dont le magasin, « dans la famille depuis six générations », est ouvert « 365 jours par an ».

Deux femmes dans les rues du Mont-Saint-Michel, le 12 mai 2020
AFP / LOU BENOIST

– hôtels et restaurants fermés –

Au gré de la déambulation, rythmée par la cloche de l’église paroissiale et le cri des oiseaux, on aperçoit ces grandes salles de restaurants avec vue panoramique sur la baie que l’on peut traverser du regard de l’extérieur. Habituellement pleines à craquer, les chaises y sont toujours retournées sur les tables après un dernier coup de balai avant la fermeture, comme pour les hôtels qui affichent aussi portes closes.

Clou de toute visite au Mont-Saint-Michel, l’abbaye, propriété de l’Etat et classée monument historique depuis près de 150 ans, reste fermée. « On espère pouvoir ouvrir courant juin. Mais tout cela dépendra des décisions du gouvernement », explique par téléphone à l’AFP Thomas Velter, directeur de l’Epic (Etablissement public à caractère industriel et commercial) du Mont-Saint-Michel. Environ « 50% » des 2,5 millions de visiteurs de la « Merveille de l’Occident » « achètent un billet pour visiter l’abbaye », ce qui en fait « le monument hors de Paris le plus visité de France », relève-t-il.

« On travaille à la réouverture du site » et une nouvelle phase de travaux sur l’édifice, programmée pour trois ans, va débuter en juin, indique le directeur.

Tout là-haut, au sommet du clocher de l’abbatiale encore interdite, brille sur fond de ciel bleu la statue resplendissante de l’archange, bien loin des considérations humaines en contrebas.

Tout là-haut, au sommet du clocher de l’abbatiale encore interdite, brille sur fond de ciel bleu la statue resplendissante de l’archange, bien loin des considérations humaines en contrebas.

Le Mont Saint-Michel, le 23 avril 2020 – AFP/Archives / Damien MEYER

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