Allemagne: charismatique et talentueux, Marcus Thuram se fait un prénom

Des buts, une personnalité attachante, un hommage remarqué à George Floyd… Marcus Thuram, fils de Lilian, se fait peu à peu un prénom en Allemagne, où il sera l’arme offensive principale de Mönchengladbach samedi à Munich contre le Bayern (18H30/16H30 GMT).

Pour l’heure, cet attaquant longiligne de 22 ans n’est encore qu’international français Espoirs et, sur les terrains, l’ombre de son père plane toujours au-dessus de lui: défenseur de l’équipe de France, Lilian fut champion du monde en 1998, et son doublé en demi-finale contre la Croatie (2-1) l’a fait entrer dans la légende.

Mais Marcus est bien plus qu’un « fils de… », même s’il est très proche de son père, dont il admire l’engagement de longue date contre le racisme.

Le 31 mai, la photo du jeune homme posant un genou à terre pour célébrer un but a fait le tour du monde, sur le web et dans les journaux. Thuram, de sa propre initiative, est devenu le premier footballeur à rendre hommage par ce geste symbolique à George Floyd, le père de famille noir tué par la police fin mai à Minneapolis, aux Etats-Unis.

Le Borussia affirme avoir reçu dans les jours suivants « des dizaines » de demandes d’interview pour son joueur vedette.

– « Fier de mon père » –

Une semaine plus tard, les équipes complètes du Bayern Munich et de Dortmund, les deux clubs les plus puissants d’Allemagne, s’agenouillaient à leur tour, comme l’avait fait Thuram, en signe de refus du racisme.

« Bien sûr qu’en tant que jeune joueur noir, la question me préoccupe », avait-il dit en décembre dans une interview à l’AFP, bien avant l’actuelle vague de protestation: « Il faut se battre et je suis très fier de ce que mon père fait pour faire évoluer les choses. »

Après avoir marqué un but contre l’Union Berlin, Marcus Thuram pose un genou à terre en hommage à George Floyd, le 31 mai 2020 à Mönchengladbach
POOL/AFP/Archives / Martin Meissner

Même si, né dans un milieu privilégié, il affirme n’avoir pas personnellement souffert de discrimination fondée sur sa couleur de peau: « Je n’ai été ni victime ni témoin », dit-il, avant de se reprendre « … enfin, témoin si, on est témoin sur les réseaux sociaux et quand on regarde les matches à la télé ».

Le geste et la parole du joueur n’auraient peut-être pas porté si loin s’il n’avait pas été, sur le plan sportif, l’un des deux fers de lance de la fantastique saison de Mönchengladbach, avec son complice et compatriote Alassane Pléa, suspendu samedi contre le Bayern.

Pour ses débuts en Bundesliga, le joueur formé à Sochaux puis passé par Guingamp est l’une des révélations de la saison, avec dix buts et huit passes décisives. Presque autant que Pléa, son aîné de 27 ans (10 buts et 10 passes), plus expérimenté et retenu une fois en équipe de France A, en 2018.

– « Finale de Coupe » –

A eux deux, ils ont contribué à hisser le club rhénan à la première place du classement pendant presque deux mois cet automne. Et depuis, Mönchengladbach s’accroche au carré de tête, passeport pour la Ligue des champions.

A la veille du choc contre le Bayern et à quatre journées de la fin, le Borussia est quatrième avec 56 points, à égalité avec Leverkusen, qui se déplace dimanche à Schalke (18h00/16H00 GMT).

Marcus Thuram lors de la réception du Bayern Munich au Borussia Park de Mönchengladbach, le 7 décembre 2019
AFP/Archives / UWE KRAFT

Thuram découvrira l’Allianz Arena de Munich, mais à huis clos, puisque le protocole sanitaire face au Covid-19 est toujours en vigueur jusqu’à la fin de saison.

Un crève-cœur pour ce garçon qui aime par-dessus tout partager son enthousiasme avec les fans, et qui a même choisi l’Allemagne un peu à cause de cela: « Quand tu rentres dans le stade, à domicile comme l’extérieur, chaque week-end on a l’impression qu’on joue une finale de Coupe », disait-il en décembre. Avant que le coronavirus ne réduise le football au silence.

L’attaquant français de Mönchengladbach Marcus Thuram donne une interview, le 4 décembre 2019 au stade Borussia Park, dans l’ouest de l’Allemagne – AFP/Archives / LEON KUEGELER

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