Semaine 3 du procès Weinstein: faux noms et émotions brutes

Par MICHAEL R. SISAK et TOM HAYS

Au cours de la troisième semaine de témoignages lors du procès pour viol de Harvey Weinstein, l’accusation s’est reposée, l’accusé s’est assoupi et le témoignage a été le plus intense à ce jour, les jurés étant renvoyés chez eux tôt le jour après qu’un accusateur clé ait commencé à sangloter de manière incontrôlable.

Après que plusieurs témoins aient décrit les détails explicites de l’anatomie de Weinstein, les jurés mardi ont été montrés des photos nues de lui que les autorités ont prises après son arrestation en 2018.

Les procureurs semblaient utiliser les images pour corroborer le témoignage selon lequel Weinstein avait «des cicatrices extrêmes» sur son corps, ainsi que des détails spécifiques sur ses organes génitaux qui ont été évoqués dans les témoignages.

Les images étaient destinées à être vues uniquement par le jury et n’ont pas été projetées devant le tribunal ou transmises aux médias. Néanmoins, certains esquisseurs de salle d’audience utilisant des jumelles ont pu jeter un coup d’œil aux photos et les incorporer dans leurs rendus.

C’était parmi plusieurs moments notables et rebondissements étranges en cour cette semaine.

TÉMOIGNAGE ÉMOTIONNEL DE L’ACCUSATEUR CLÉ

Au moment le plus dramatique du procès jusqu’à présent, un accusateur clé a fondu en larmes sur le stand des témoins, mettant fin à l’audience tôt lundi alors qu’un avocat de la défense lui faisait part de sa relation complexe avec Weinstein.

La femme, maintenant âgée de 34 ans, a déclaré qu’elle avait essayé de faire de Weinstein «mon pseudo père», et lui avait envoyé des courriels flatteurs et continuait de le voir après un viol présumé en 2013 parce que «je voulais lui faire croire que je n’étais pas une menace».

Elle est devenue émue en lisant un passage d’e-mail à propos de son abus plus tôt dans sa vie. Sanglotant alors qu’elle quittait la salle d’audience, ses cris pouvaient être entendus depuis la salle des témoins à proximité.

La femme est revenue après une pause d’environ 10 minutes mais n’a pas pu continuer. Elle a pleuré bruyamment, reposant sa tête sur la barre des témoins et essuyant des larmes avec un mouchoir alors qu’un procureur tentait de la calmer.

À son retour mardi, la femme était plus modérée. Elle s’est tournée vers le jury et a déclaré avec défi: « Il est mon violeur. »

Les accusations portées contre Weinstein impliquent l’allégation de viol de la femme ainsi qu’une allégation selon laquelle il aurait pratiqué le sexe oral de force sur une autre femme en 2006. Weinstein, 67 ans, a insisté pour que toutes les relations sexuelles soient consensuelles.

WEINSTEIN NODS OFF

Weinstein semblait parfois endormi au tribunal cette semaine. Lundi, lors d’un témoignage émotionnel de la femme qu’il est accusé de viol, il a été vu les yeux fermés et la tête baissée alors qu’il était assis sur une chaise à la table de la défense.

En quittant la salle d’audience, un journaliste a demandé à Weinstein pourquoi il dormait. Il se tourna, fronça les sourcils et lui dit: « Oh s’il te plait. »

Le New York Post a rapporté plus tard que Weinstein avait organisé une soirée Super Bowl pour ses partisans la nuit précédente, offrant une explication possible de sa fatigue.

Le porte-parole de Weinstein a déclaré que la fête était «une petite réunion pour vous remercier» et que les invités comprenaient ses avocats et quelques amis.

Un juré a également hoché la tête pour un sort lors du témoignage de lundi, conduisant à une réprimande du juge.

AVOCAT WEINSTEIN SOUS LE FEU

L’avocate de Weinstein, Donna Rotunno, a été critiquée vendredi sur les réseaux sociaux et au tribunal pour une interview en podcast dans laquelle elle a accusé les victimes d’avoir été agressées sexuellement. Rotunno a déclaré au « The Daily » du New York Times qu’elle n’avait jamais été attaquée « parce que je ne me mettrais jamais dans cette position. »

Kenidra Woods, un défenseur de la santé mentale des adolescents, a tweeté que les commentaires de l’avocat étaient «au-delà de la nausée».

Stephanie Fisher, directrice des médias sociaux à Save the Children, a tweeté que son appareil Alexa s’était soudainement éteint au milieu de l’interview, en plaisantant: « Je suppose même qu’elle ne pense pas que cette horrible femme mérite d’avoir une voix publique. »

À l’heure du déjeuner, le nom de Rotunno était en vogue sur Twitter aux États-Unis.

Au tribunal, le procureur Joan Illuzzi-Orbon a remis en question le moment de l’entretien et réprimandé Rotunno pour «avoir appelé nos témoins menteurs».

« Cela a été enregistré il y a longtemps », a interrompu Rotunno, affirmant qu’elle n’avait parlé à personne dans les médias depuis le début de l’affaire.

Elle a ensuite été contredite par une porte-parole du Times, qui a déclaré aux journalistes que l’entretien avait été enregistré le 28 janvier – cinq jours après les déclarations d’ouverture et le début du témoignage.

Dans une autre partie de l’interview, réalisée par Meghan Twohey – la moitié du duo du Times qui a raconté leurs reportages sur Weinstein dans le livre « She Said » – Rotunno a déclaré que Weinstein est « bien conscient du fait que sa vie est en jeu ici « Et qu’il » mérite d’avoir une voix dehors. « 

DUN-DUN: TÉMOIN DE LA LOI ET DE L’ORDRE DES DÉFENSE DITCHES

La défense a annulé son intention d’appeler le témoin à la barre d’un scénariste et réalisateur hollywoodien qui a également écrit un épisode sur le thème # MeToo de «Law & Order: Special Victims Unit» basé sur la saga Weinstein.

Warren Leight s’est présenté au palais de justice jeudi, mais le premier témoin a couru longtemps et son témoignage prévu sur la réalisation d’un des accusateurs de viol de Weinstein dans un film au début des années 1990 a été renvoyé à vendredi. C’est alors que les avocats de Weinstein ont décidé de l’abandonner.

On s’attendait à ce que Leight soit interrogée sur le comportement de l’actrice Annabella Sciorra sur le tournage de la comédie romantique de 1993 « The Night We Never Met », où elle a reconnu qu’elle était accro à Valium.

Sciorra, maintenant âgée de 59 ans, allègue que Weinstein a fait irruption dans son appartement et l’a violée à la fin de 1993 ou au début de 1994, longtemps après la fin de la fusillade. Témoignant la semaine dernière, elle a repoussé les suggestions de la défense selon lesquelles elle avait consommé de la drogue pendant le viol présumé, affirmant qu’elle s’était déjà sevrée.

Leight, l’un des meilleurs producteurs de «SUV», a écrit l’épisode inspiré de Weinstein, «I’m Going to Make You a Star», pour la première de cette saison en septembre.

Dans ce document, le chef d’un grand studio de médias est arrêté après avoir été accusé d’avoir violé de jeunes actrices et d’avoir forcé une à le regarder se masturber lors d’une audition. Dans une ligne évoquant ce que les accusateurs ont dit de Weinstein, le personnage de magnat dit à une victime: « Vous voulez cette partie, n’est-ce pas? »

Dans une interview au magazine People , Leight a pris un coup à la stratégie juridique employée par des gens comme Weinstein, en disant: « La première chose que ces gars-là font est de faire appel à des femmes avocats qui ne semblent pas du tout se soucier de qui elles défendent. »

«NE L’ADRESSEZ PAS PAR SON VRAI NOM»

Révélant un autre grand secret de la vie de célébrité de Weinstein, les procureurs ont révélé que le producteur de «Pulp Fiction» avait utilisé Max Poster – dérivé du prénom de son père et du nom de jeune fille de sa mère – comme alias lors de l’enregistrement dans les hôtels.

On a montré aux jurés le profil d’invité de Weinstein du Montage Hotel à Beverly Hills, qui indique au personnel: «Utilisez toujours l’alias Max Poster pour les futurs séjours.»

Weinstein a utilisé le même faux nom dans son autre domicile de Beverly Hills loin de chez lui, la péninsule, et au DoubleTree dans le centre de Manhattan.

Une note dans le système de réservation de DoubleTree a alerté les employés de la véritable identité de Poster. « CELEBRITY HARVEY WEINSTEIN EST L’INVITÉ ACTUEL », a-t-il déclaré. Une autre note dans le système a averti: « NE L’ADRESSEZ PAS PAR SON VRAI NOM. »

Les procureurs ont déclaré que les trois hôtels étaient des sites d’inconduite sexuelle de Weinstein en 2013. Un accusateur clé a déclaré qu’il avait tenté de la forcer à faire un trio au Montage et l’avait violée à la fois dans la péninsule et dans DoubleTree.

Le montage est également l’endroit où la mannequin Lauren Marie Young a témoigné cette semaine que Weinstein l’avait attirée dans sa chambre d’hôtel en février 2013, sous le prétexte d’une discussion de carrière, lui avait enlevé ses vêtements, lui avait peloté la poitrine et s’était masturbée.

Un cadre de Montage a noté qu’il est courant que les célébrités utilisent des alias.

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L’avocate de la défense Donna Rotunno arrive pour le procès pour viol de Harvey Weinstein, à New York, vendredi 7 février 2020. (AP Photo / Richard Drew)

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