Les pénuries de talents ont presque doublé.

24% des employeurs belges éprouvent des difficultés à pourvoir leurs postes vacants.

Enquête
Enquête
Le spécialiste RH a sondé près de 42.000  responsables de recrutement dans 42 pays et territoires (751 en Belgique). La crise persistante avait occulté les pénuries. Aujourd’hui,  alors que l’économie retrouve peu à peu le chemin de la croissance et que les perspectives s’éclaircissent à nouveau, les difficultés à trouver du personnel qualifié se font à nouveau ressentir auprès de 24% des employeurs en Belgique – et même 38% au niveau mondial. Face à ce paradoxe persistant sur le marché de l’emploi, il est plus que temps de prendre action. ManpowerGroup formule des recommendations.

Compétences techniques insuffisantes (51%), manque ou absence de candidats disponibles (35%), manque d’expérience (27%), manque d’employabilité et personnalité inadéquate (17%), salaires pas assez attractifs (10%), manque d’enthousiasme ou de motivation (8%), mauvaise image de l’entreprise, du secteur ou de la fonction (4%). Les raisons invoquées par les employeurs face à leurs offres d’emploi difficilement ou non pourvues ne manquent pas. C’est un paradoxe, alors que notre pays compte près de 460.000 demandeurs d’emploi indemnisés et que les derniers chiffres d’Eurostat ont recensé 83.000 emplois vacants en Belgique.

Au cours des trois dernières années, la crise avait occulté le phénomène des pénuries de main d’œuvre et le pourcentage d’employeurs éprouvant des difficultés de recrutement était descendu à 13% l’an dernier. Aujourd’hui, ce pourcentage est remonté à 24% au niveau national. La hausse est perceptible dans les trois régions, avec le chiffre le plus élevé (26%) en Flandre et à Bruxelles, une hausse de 14 et 9 points respectivement). Les pénuries se font un peu moins ressentir en Wallonie: 18%, soit une hausse de 9 points.

“La polarisation sur le marché de l’emploi s’intensifie  entre les candidats qui possèdent les bonnes (lisez, celles exigées par les employeurs) compétences et ceux qui ne les possèdent  pas ou pas suffisamment” explique Philippe Lacroix, Managing Director de ManpowerGroup Belux. “ Les pénuries de talents hypothèquent  la compétitivité de nos entreprises. Et ce problème ne fera que s’aggraver au fur et à mesure que la reprise sera plus solide et que les évolutions et les réformes du marché du travail seront encore plus effectives. Pensons seulement au vieillissement,  au  numérique et aux nouvelles technologies qui accélèrent l’obsolescence des compétences ou font émerger la demande de nouveaux profils (les cols gris par exemple).”

5 raisons des difficultés
5 raisons des difficultés

Quelle est l’ampleur des difficultés de recrutement dans le monde

Au niveau mondial, les pénuries de talents sont au plus haut depuis sept ans et touchent 38% des employeurs. Dans la région EMEA, la situation est légèrement meilleure avec 32% éprouvant des difficultés à pourvoir leurs postes vacants. C’est d’ailleurs le chiffre le plus élevé depuis 2008.  Comme lors des années précédentes, le Japon (83%) est le pays le plus touché –  le vieillissement de la population aggrave la tendance. Il est suivi par le Pérou( 68%), Hong Kong (65%) et le Brésil (61%) ou l’Inde (58%).  On observe des chiffres encore élevés, bien qu’en-dessous de la moyenne mondiale,  aux Etats-Unis (32%) et en Chine (24%).

La pénurie de main d’œuvre se fait ressentir de façon très différente dans chaque pays européen. On observe les plus grosses difficultés en Roumanie (61%), en Grèce (59%) –  un résultat surprenant au regard de la situation économique – et en Turquie (52%). Les pays les moins touchés sont les Pays-Bas, l’Espagne et le Royaume-Uni (tous trois à 14%), ainsi que l’Irlande (11%). Les employeurs allemands sont fortement impactés (46%) et malgré son taux de chômage important, les employeurs en France (29%) rapportent également un score assez élevé. Comme déjà expliqué,  24% des 751 employeurs sondés en Belgique éprouvent des difficultés à remplir leurs postes vacants. La tendance à la baisse observée au cours des trois dernières années est brusquement interrompue et le pourcentage est presque doublé par rapport à l’an dernier : de 27% en 2012, 22% en 2013 et 13% en 2014.

La liste des métiers en pénurie a peu évolué en dix ans

Depuis dix ans, ManpowerGroup dresse une liste des postes les plus difficiles à pourvoir dans notre pays. Nouveauté cette année,  à côté de la liste nationale, on trouve également un top 10 pour les trois régions du pays. Le constat est clair: on observe peu de modifications  dans la liste au cours de ces 10 ans. Il y a également peu de différences marquantes entre les régions. Les ouvriers qualifiés (électriciens, soudeurs, maçons…etc.) arrivent en tête au niveau national pour la quatrième année consécutive et également dans les trois régions.  Ils sont suivis par les profils commerciaux (en hausse de 6 places par rapport à l’an dernier), les techniciens (présents sur la liste sans interruption depuis 10 ans), les comptables et les profils financiers (présents sur la liste dans huit des dix éditions de l’enquête) et les chauffeurs (présents sans interruption depuis le lancement de l’enquête). Après le top 5, on trouve les profils IT (6e, en progression de quatre places par rapport à l’an dernier), les secrétaires, les assistant(e) de direction, les réceptionnistes  et les fonctions administratives (7e, repris neuf fois sur la liste), les ingénieurs( 8e, en recul de 5 places par rapport à l’an dernier), les project managers (9e, nouveau sur la liste en 2015) et les ouvriers non qualifiés (10e). “ ll semble que l’attractivité des métiers techniques et des études scientifiques n’ait pas progressé. Le manque de connaissances linguistiques  pèse également encore cette année sur la composition de ce top 10. ”, commente Philippe Lacroix.

A côté des ouvriers qualifiés qui arrivent en tête des fonctions critiques dans les trois régions, les profils commerciaux et les techniciens occupent la deuxième et la troisième place en Flandre. Les profils commerciaux,  les comptables et les profils financiers sont numéro 2 et numéro 3 à Bruxelles,  tandis qu’en Wallonie,  les comptables et les profils financiers occupent la deuxième position et sont suivis par les chauffeurs.

Impact des pénuries et stratégies

Malgré la pression croissance, les employeurs sondés semblent moins nombreux que l’an dernier à s’inquiéter des conséquences des pénuries de main d’œuvre. En effet,  38% des employeurs concernés estiment que cette situation a un impact négatif sur leur capacité à servir leurs clients, un pourcentage élevé mais en baisse de 12 points par rapport à l’an dernier. Cependant, ceux qui s’en plaignent ressentent une baisse de productivité  (40%), une hausse des coûts salariaux (28%) et une baisse de leur capacité d’innovation (27%).

Autre constat interpellant : 34% des employeurs touchés par les pénuries (contre 25% l’an dernier) n’ont pas mis en place de stratégie pour y faire face. Ceux qui s’y attaquent, mettent en place de nouveaux modes d’organisation du travail (38%), revoient leurs pratiques de gestion des ressources humaines (34%) ou redéfinissent leurs méthodes de recrutement et leurs sources de talents (13%).

Plus concrètement, les employeurs déclarent faire davantage appel à des intérimaires ou des solutions apportant de la flexibilité à leur organisation  (27%). Ils adoptent de nouvelles méthodes de recrutement notamment via l’utilisation des réseaux sociaux  (21%), investissent davantage dans la formation de leur propre personnel (17%). D’autres redéfinissent leurs procédures de travail en répartissant le travail entre les équipes (11%) ou font davantage appel à des sources de talents moins utilisées, comme par exemple les travailleurs âgés ou des personnes avec un handicap (7%).

Solutions
Solutions

Employeurs, innovez. Employés, soyez responsables.

Les résultats de cette dixième édition de l’enquête nous montrent que les pénuries de talents sont loin d’être résorbées, que du contraire. Aujourd’hui le talent est bien devenu la ressource rare et le nouveau facteur de différenciation des entreprises sur un marché du travail, plus dynamique que jamais, poussé par les (r)évolutions technologiques.

Philippe Lacroix : “ Les entreprises doivent se montrer plus innovantes et mettre en place une stratégie qui leur permettra d’attirer et de fidéliser les talents dont elles auront besoin pour assurer leur croissance et leur développement futur. Face à la perspective de l’allongement de leur carrière et de l’impact des mutations technologiques sur les cycles de compétences qui deviennent plus courts, les employeurs et les employés doivent également s’engager dans le domaine de la formation. Leur employabilité est l’une condition essentielle et leur première sécurité pour un emploi durable.”

Dans son rapport, ManpowerGroup  encourage les entreprises  à oublier le mythe de l’employé parfait  et préconise d’adopter l’approche du ‘Teachable Fit’. Il s’agit de recruter des candidats sur base de leur potentiel, et d’investir ensuite dans leur formation. Autre piste suggérée par ManpowerGroup: puiser davantage dans le réservoir de talents trop peu utilisés sur marché de l’emploi. Pensons aux jeunes sans expérience, aux travailleurs âgés, aux candidats avec un handicap ou de candidats en provenance d’autres régions linguistiques, d’autres origines ou d’autres pays. “Il n’a pas de pénuries chez le talent qui dort”, insiste Philippe Lacroix. Enfin, face aux exigences accrues des candidats, les employeurs doivent devenir une destination de choix pour les talents qu’ils veulent attirer. Cela implique de devenir ‘a great place to work’ et de créer un environnement de travail et une offre professionnelle qui tienne compte des attentes individuelles des travailleurs. Les employés sont d’ailleurs souvent les meilleurs ambassadeurs pour attirer de nouveaux talents vers l’entreprise où ils travaillent.

Pour plus d’information sur les pénuries de talents dans le monde, consultez le micro site sur www.manpowergroup.com. Il contient un outil interactif permettant de visualiser les pénuries ainsi que différents blogs.

Pour la 10e édition de son étude annuelle sur les pénuries de talents dans le monde, ManpowerGroup a interrogé 41.748 employeurs dans 42 pays et territoires au cours du 1er trimestre 2015 afin d’évaluer l’ampleur des difficultés rencontrées dans leurs recherches de talents, connaître les emplois les plus difficiles à pourvoir et pour quelles raisons, mieux comprendre l’impact de cette situation sur la bonne marche de leur entreprise et connaître les stratégies mises en place pour remédier à la pénurie de talents.

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