Foot féminin: mercato animé malgré le coronavirus

Dans le football féminin, la crise du coronavirus n’a pas induit de « répercussion » majeure pour le mercato: les prolongations et mouvements restent assez nourris pour les équipes de Paris et Bordeaux, principales rivales d’une armada lyonnaise occupée à retenir certaines cadres.

« Dans ce mercato-là et les +deals+ que j’ai eu à négocier et concrétiser, je n’ai pas senti une trop forte répercussion du Covid. Je m’attendais à vraiment pire », constate Sonia Souid, l’agent d’Amandine Henry, Delphine Cascarino (OL), Viviane Asseyi (Bordeaux) et Kheira Hamraoui (FC Barcelone) notamment.

Amandine Henry, en bleu, à la lutte avec la Néérlandaise Kika Van Es pendant le Tournoi de France au stade du Hainaut à Valenciennes, le 10 mars 2020.
AFP / FRANCOIS LO PRESTI

Même s’il faudra « plusieurs mois » avant de pouvoir « digérer » les pertes, « pour l’instant je n’ai pas entendu de club dire +On ne peut absolument pas recruter parce qu’on n’a pas un seul euro pour l’équipe féminine+ », explique à l’AFP la représentante française, qui a réalisé le premier transfert payant féminin en France (Marie-Laure Délie en 2013), une rareté encore de nos jours.

De fait, les négociations en Division 1 débouchent uniquement sur des prolongations de contrat, avec revalorisation salariale parfois à la clé, ou des « transferts » en fin de bail.

A Lyon, le champion de France en titre s’active ainsi pour conserver la gardienne Sarah Bouhaddi et la milieu allemande Dzsenifer Marozsan, libres au 30 juin comme les internationales anglaises Alex Greenwood et Lucy Bronze.

La footballeuse internationale japonaise Saki Kumagai, membre de l’effectif de l’Olympique Lyonnais en France, à Hong Kong le 2 décembre 2019. ARCHIVES
AFP/Archives / Philip FONG

– USA, attraction freinée –

La milieu japonaise Saki Kumagai « a prolongé d’un an en janvier dernier, soit jusqu’au 30 juin 2021 », et « ça discute pour une prolongation » avec l’ailière néerlandaise Shanice van de Sanden, confie Olivier Blanc, responsable de l’OL féminin.

Quant aux Bleues, que ce soit Wendy Renard, Griedge Mbock, Amel Majri, Eugénie Le Sommer, Henry ou Cascarino, il n’y a « aucun départ de prévu » et « des prolongations sont en vue », dit-il.

Parmi l’armada tricolore, seule Bouhaddi pourrait donc quitter le navire. L’internationale de 33 ans (149 sélections) se voit partir en Angleterre ou aux États-Unis, où elle a été approchée par la franchise des Utah Royals.

« Il y a une crise mondiale. Tout est arrêté. Il y a eu des discussions avec ce club et avec d’autres en Europe, mais il n’y a rien de concret », confiait-elle en mai au quotidien L’Equipe.

« Certains (agents) essayent de promouvoir la destination USA. Avec le Covid-19, ça va rendre toutefois les choses plus compliquées », estime un connaisseur du marché. Du même avis, Sonia Souid évoque aussi « une question de timing » puisque le championnat américain se tient d’ordinaire d’avril à octobre.

En France, les négociations ont été gelées entre mi-mars (suspension de la D1) et fin avril. Pendant cette période, habituellement propice aux discussions, « le recrutement pour la saison d’après n’était plus une priorité des clubs », décrypte l’agent.

Le Paris SG, dont l’entraîneur Olivier Echouafni attend un nouveau contrat, a lancé les grandes manoeuvres début mai avec les prolongations de Formiga (42 ans), Paulina Dudek (22 ans), Nadia Nadim (32 ans) et surtout Kadidiatou Diani (25 ans), la révélation française du Mondial-2019.

L’attaquante Kadidiatou Diani, en bleu, lutte contre l’américaine Crystal Dunn pendant le quart de finale de la coupe du monde féminine 2019, opposant la France aux Etats-Unis le 28 juin 2019 au Parc des Princes à Paris.
AFP / Lionel BONAVENTURE

– Asseyi sur le départ –

A l’inverse, le dauphin de l’OL n’a pas retenu sa défenseure Eve Perisset. « Paris n’a pas voulu la prolonger. C’est assez étonnant car elle est cadre du vestiaire, qui plus est internationale française et l’une des joueuses les plus utilisées de la saison », confie un membre de son entourage. « Bordeaux lui a proposé un super projet où elle sera la cadre de l’équipe, elle s’est dit +Bingo!+, confirme-t-il.

Troisième de D1, le club girondin mise sur la jeunesse avec l’arrivée de l’ex-Lilloise Julie Dufour, championne d’Europe U19, et la prolongation de Vanessa Gilles (24 ans) et Romane Bruneau (23 ans), la gardienne devenue titulaire.

Sa concurrente néo-zélandaise Erin Nayler, en fin de contrat, est sur le départ comme la défenseure brésilienne Kathellen Sousa et l’internationale française Viviane Asseyi.

Concernant l’attaquante de 26 ans, « Bordeaux a largement contribué à son épanouissement et au fait qu’aujourd’hui elle puisse prétendre à signer dans les meilleurs clubs européens », explique Sonia Souid.

Autre acteur majeur du championnat, Montpellier va devoir faire sans Sakina Karchaoui, défenseure de 24 ans formée au club et suivie par plusieurs clubs, dont Chelsea. Sa coéquipière Valérie Gauvin, avant-centre des Bleues toujours sous contrat dans l’Hérault, a émis la volonté de vivre une expérience à l’étranger.

Sonia Souid, agent de footballeuses professionnelles, le 3 mars 2019 à l’AFP à Paris. AFP/Archives / FRANCK FIFE

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